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Photos: Escles archéologie / Cercle d'études locales de Contrexéville / La Roye Demange Ainvelle

LES ROUTES ROMAINES d'après A. Fournier

ou

LES ROUTES ROMAINES d'après L'Abbé Idoux


Le réseau des routes romaines est relativement dense dans le département des Vosges, exception faite cependant des hautes vallées de la Montagne :

Route de Lyon à Trêves
(V 1 sur carte schématique ci-jointe)

C'était la route axiale Sud-Nord qui mettait en communication l'Empire romain avec ses frontières du Rhin.

Après Langres (Andemantumnum), cette voie traversait Meuvy (Mosa), Noviomagus (Nijon), Soulosse (Solimariaca), arrivait à Toul (Tullum) par le faubourg Saint-Epvre, puis se continuait par Dieulouard (Scarpona) et Metz (Divodurum).

Route de Reims
(V 2)

Cette route partant de Reims venait se souder à la voie Langres Toul (V 1), aux environs de Neufchâteau.

Route de Langres à Strasbourg
(V 3)

Découvertes gallo-romaines du Canton de Lamarche

Cette voie entrait dans le département des Vosges à Aureil-Maisons (Lamarche), passait sur les territoires de Martigny-les-Bains, Dombrot-le-sec, Provenchères-les Darney, Lignéville, Saint-Baslemont, Monthureux-le-Sec, avec son camp romain du Haut de Dixmont, Valleroy-aux-Saules, traversait le Madon au-dessus de Mattaincourt et se dirgeait vers Ahéville ; croisait entre Jorxey et Gugney la route de Corre à Charmes (V 5) ; montait à Beaucamp, ancien camp, et franchissait la Moselle à Portieux par un gué pavé. En ce point, on a en effet retrouvé un groupe mutilé du cavalier et de l'anguipède, aujourd'hui au musée d'Epinal, et de la colonne qui le supportait, ce qui démontrerait l'existence du gué. De la Moselle, la voie passait en haut de Chatel, se dirigeait vers Zincourt, traversait les bois de Badménil et de Moyemont, arrivait à l'est de Rambervillers où elle se croisait avec le chemin Sandrot (route de Bourbonne-les-Bains, Arches et Deneuvre -Donnabriga- V7).


De Rambervillers, elle aboutissait au camp romain de Repy (Pierre d'Appel), descendait ensuite dans la vallée de la Meurthe en face de Saint-Blaise, traversait la Meurthe près de Raon l'Etape et remontait la vallée de Celles jusqu'au Donon où elle entrait en Alsace pour se diriger vers Strasbourg.


Route de Bâle à Metz
(V 4)

Venant de Bâle, cette route entrait dans le département par le Col de Bussang ou Perthuis d'Estaye. On notera que le mot "perthuis" est d'origine latine et que le col de Bussang est le seul col des Vosges désigné sous le vocable de Pertuis). Elle suivait toute la vallée de la Moselle par Remiremont, Epinal, Charmes et suivait sensiblement le tracé actuel de la route de Nancy.

Route de Corre à Charmes
(V 5)

C'est cette voie qui mettait en relation, longtemps avant les Romains, les bassins de la Saône et de la Moselle.

Elle se détachait à Oiselay de la route Langres Besançon, se dirigeait vers le nord, passait à Scey-sur-Saône et arrivait à Corre où se trouvait alors le terminus de la navigation sur la Saône ; entrant dans les Vosges, on la retrouve ensuite sur les territoires de Claudon, d'Hennezel et d'Escles, et, après avoir traversé le Madon, elle se continue sur Ville-sur-Illon, cense de Lamerey, Bouzemont et Vaubexy ; elle se croise près de Rapey, entre Gugney et Jorxey, avec la route de Langres à Strasbourg (V 3), passe à Florémont où elle va rejoindre la route de Bâle à Metz (V 4).

Route de Martigny-les-Bains à Epinal
(V 6)

De la voie de Langres à Strasbourg, au-delà de Martigny, se détachait un embranchement qui passait sur les territoires de Marey, Gignéville, Provenchères, Relanges, Dombasle-devant-Darney, Jésonville et Lerrain. A Escles elle se croisait avec la route de Corre à Charmes (V 5), puis se dirigeait vers Chaumousey et Epinal où elle se soudait à la route de Bâle à Metz (V4).

Route de Bourbonne, Arches, Deneuvre
(V 7)

Voie transversale venant de Bourbonne, passait à Ainvelle, Monthureux-sur-Saône, Hennezel, Vioménil, Uzmain, Uriménil, Hadol pour aboutir près d'Arches à la voie Bâle-Metz (V 4).


Elle traversait la Moselle sur un pont qui aurait donné son nom à Arches, se dirigeait sur Mossoux, la Baffe, Charmois-devant-Bruyères; se confondait vers Fontenay avec la route actuelle de Rambervillers, passait à Destord, à l'ouest de Saint-Gorgon, franchissait la Mortagne à Blanchifontaine, croisait la route de Langres à Strasbourg (V 3) à un kilomètre à l'est de Rambervillers et se dirigeait vers Donnabriga (Deneuvre en Meurthe-et-Moselle), en passant par le Bois Béni et la Pêche.


A partir de Rambervillers, cet antique chemin, toujours respecté des riverains porte le nom de chemin Sondrot ou des Saunerots ou des Sauniers ; cette voie fut en effet très longtemps utilisée pour l'acheminement du sel provenant des salines de Marsal (Moselle).

Route de Luxeuil, Saint-Loup et Arches
(V 8)

De Luxeuil, passant par Saint-Loup, une voie entrait dans les Vosges par le Clerjus et se dirigeait vers Xertigny, où on l'appelait le chemin Saint-Loup ; elle se joignait ensuite à la route Bourbonne Deneuvre (V 7) en direction d'Arches.

Route de Luxeuil à Remiremont
(V 9)

De Luxeuil partait une autre route qui suivait le flanc sud-est du faîte de séparation du Val d'Ajol et de Plombières, avec embranchement sur Plombières, et se joignait vers Remiremont à la voie de Bâle à Metz (V 4).



Route de Saint-Loup à Escles
(V I0)

Joignait Saint-Loup à Escles en desservant Bains, station très réputée à l'époque romaine.

Route de Raon-l'Etape à Colmar
(V II)

cette voie aboutissait au forum de Saint-Dié (faubourg Saint-Martin), passait à Remémont, Fouchifol, les Journaux et Scarupt, atteignait le Col du Bonhomme pour descendre ensuite vers Lapoutroye et Colmar.

Route de Raon-l'Etape à Saâles
(V 12)

Cette voie, dite Strata Salinatorum (voie du sel), partait des environs de Raon, gagnait le plateau du Ban-de-Sapt, descendait à la Grande-Fosse et entrait en Alsace par le col de Saâles.

Route de Rambervillers à Saint-Dié
(V 13)

Au-delà de Rambervillers se détachait de la grande voie de Langres à Strasbourg une branche qui allait à la Salle où l'on a trouvé les restes d'une carrière de pierres à meules exploitée par les Romains, puis passait entre les Deux Jumeaux pour arriver, en suivant sensiblement la vieille route de Rambervillers à Saint-Dié, au forum de Saint-Dié.

Route de Nijon à Bourbonne-les-Bains
(V 14)

Une voie allait de Nijon (Noviomagus) à Bourbonne-les-Bains (Lindesina). Elle se détachait de la grande voie Lyon-Trêves (V I) en un lieu appelé Ferrière, contrée de Nijon, traversait la pointe du bois de Nijon, lieu-dit le Fays et se dirigeait sur Vrécourt, Robécourt, Rocourt, Aureil-Maison, empruntait la route Langres-Strasbourg (V 3), d'où partait un embranchement pour Bourbonne qui fut une station thermale très fréquentée par les Romains.

Route de Grand à Langres
(V 15)

De Grand (Grannum), centre très important à l'époque gallo-romaine, une voie se dirigeait vers Liffol-le-Grand, passait la Meuse à 100 m du lieu où se perd cette rivière et aboutissait sur la grande voie Lyon - Trêves, en direction de Langres (V 1). En empruntant vers Nijon la route de Nijon à Bourbonne (V 14) , elle reliait également Grand à Bourbonne. Vers le nord, cette voie mettait Grand en communication avec la Route de Reims (V 2).

Route de Grand à Soulosse
(V 16)

De Grand partait vers l'est une voie qui, passant par Sionne et Coussey, atteignait Soulosse (Solimariaca).

Route de Chatel-sur-Moselle à Roville-aux-Chênes
( V17)

On a retrouvé les vestiges d'une route reliant Chatel-sur-Moselle à Roville-aux-Chênes.

Route de Monthureux-le-Sec à Ville-sur-Illon
(V 18)

Sur le territoire de Monthureux-le-Sec, on a relevé les traces d'une voie romaine se détachant de la voie Langres Strasbourg (V3) pour se diriger vers Esley, Legéville, et Ville-sur-Illon, où elle se joignait à la route de Corre à Charmes (V 5).

Route de Grand à Naix-aux-Forges
(Meuse) ( V 19)

Cette voie reliait Grand à Naix-aux-Forgtes (Nasium), située sur la route Reims, Bar-le-Duc (Canturiges) et Toul.

La chaîne des Vosges était donc traversée par quatre voies romaines :

• La voie de Bâle à Metz (V4), par la col de Bussang, dit Perthuis d'Estaye.
• La voie de Raon-l'Etape à Colmar (V 11), par le Col du Bonhomme.
• La voie de Raon-l'Etape à Saâles, par le Col de Saâles (V 12).
• La voie de Langres à Strasbourg, passant au pied du Donon (V 3).

A toutes ces voies il conviendrait d'y ajouter les voies suivantes qui paraissent à peu près certaines :

Voies de Martinvelle à la cité d'Affrique
(Ludres-MM) -V 16)

Elle se détachait à Martinvelle de la voie de Corre à Charmes (V 5), coupait vers Attigny la route de Bourbonne à Deneuvre (V 7), passait sur les territoires de Nonville, Provenchères, Saint-Baslemont, Lignéville où elle empruntait la route de Langres à Strasbourg (V 3) ; vers Valfroicourt-Remoncourt elle s'en séparait pour se diriger vers Estrennes, Ramicourt, Poussay, Domvallier, Frenelle-la-Grande où elle entrait en Meurthe-et-Moselle en direction du camp ou de la cité d'Affrique. La Cité d'Affrique située au-dessus de Ludres (Meurthe-et-Moselle) constituait une enceinte fortifiée protégeant un ensemble de productions minières et métallurgiques de l'époque de la Tène (période pré-romaine).


Dans certaines communes cette voie porte le nom de voie de Charlemagne, ce qui prouve qu'elle fut réparée - ou peut-être créée - par ordre de cet empereur.

Voies partant de Grand

De Grand à Wassy par Epizon, Poisson et Joinville.

De Grand à Reynel.

De Grand à Alise-Sainte-Reine (Alesia) ; par Manois, Andelot. Bologne où elle traversait la Marne.

A toutes ces voies s'ajoutent enfin les routes suivantes dont le caractère paraît bien contestable. On semble en effet être tombé dans l'exagération en supposant la présence d'une voie romaine partout où l'on a découvert des vestiges gallo-romains.

Route de Saint-Dié à Sainte-Marguerite et Ste-Marie-aux-Mines

Quelques médailles romaines, la désignation sur la carte d'Etat-Major aux I/80.000° d'un camp romain sur une montagne dominant Lesseux et Combrimont, sont les seules preuves que l'on puisse donner de cette voie. Cela suffit d'autant moins que le camp en cause est situé loin du tracé donné à cette route, qui serait davantage justifié par le "Chatel de Faître" qui domine, au nord, le Col de Sainte-Marie.

Route de Mortagne à Girmont

Partait de la Montagne des Deux Jumeaux, passait à Mortagne et, de là, gagnait Destord et la Moselle. A Destord on a découvert des restes de pavage, ce qui paraît bien insuffisant pur justifier un tracé de Mortagne à Girmont.

Route de Mortagne à Jarménil

Serait partie de Mortagne en passant entre Bruyères et le Borémont, puis à Champs-le-Duc, Docelles et Jarménil. Cette route n'aurait pas été pavée.

Même doute pour une voie allant de Destord à Chatel et à Portieux.

Tranchée des Dames, de Remiremont à Gorhey

Passait à Raon-Aux-Bois, Madol-la-Haute, Dounoux, Girancourt, Chaumousey et Gorhey ; elle offre un tronçon de pavage sur le territoire de Dounoux.


Cette route fut peut-être créée par le Couvent de Remiremont dont elle desservait les domaines.

Route de Saint-Dié à Senones

Une voie de Saint-Dié à Senones paraît postérieures à l'époque gallo-romaine ; elle dut être créée ou remise en état au VIIème siècle et reliait les monastères de Saint-Dié, Senones et Moyenmoutier.

Route de La Neuveville-sous-Montfort à Nijon

Les tumuli des territoires de Mandres-sur-Vair, Outrancourt, Vittel, Bulgnéville, Saint-Ouen-les-Parey, Sauville seraient les preuves de l'existence de cette voie. Ces preuves sont d'autant plus fragiles que ces tumuli remontent à l'époque pré-romaine.

Route d'Autreville à Escles

Passait à Harmonville, Attignéville, Vouxey, Courcelles, Chatenois, franchissait le Vair sur un pont à Houécourt pour se diriger vers Gemmelaincourt, Montfort, Lagéville, les Vallois, Lerrain et Escles. Il n'existe pas d'autres traces de cette voie que les vestiges du pont d'Houécourt.



Embranchements divers

On indique enfin les divers embranchements suivants :


Bleurville à Escles, Bonvillet à Valfroicourt, Escles à Bain-ville-aux-Saules, Légéville à Ville-sur-Illon, Battexey à Labeuville (Meurthe-et-Moselle), Pont-sur-Madon à Charmes, Girecourt à Portieux, Escles à Vaubexy, Houécourt à Lamarche, Essey-la-Côte à Portieux, Bayon à Portieux, Valois à Girmont.


Il est clair qu'il existait entre tous les lieux habités à l'époque gauloise comme à l'époque gallo-romaine des chemins qui les reliaient entre eux. C'étaient, comme de nos jours, des voies plus ou moins praticables; il ne faut pas oublier, qu'à l'époque gallo-romaine, le village n'existait pas ; il n'y avait que des domaines plus ou moins étendus avec des "Villas" sur lesquels vivaient (tenanciers, colons, esclaves) des groupes plus ou moins importants de population. Toute la vie publique était concentrée dans les villes.

On estime enfin que le développement des voies romaines dans le département des Vosges dépassait 600 kilomètres.


Mises à part quelques réfections ordonnées par la Reine Brunehaut et l'Empereur Charlemagne, les routes romaines ne furent pas entretenues et tombèrent dans un état déplorable.


Du reste, cet état de choses se prolongea bien au-delà du Moyen-Age ; à la fin du 18ème siècle il n'était plus possible d'aller de Plombières à Hérival ou au Val d'Ajol -ou vice versa- qu'avec des attelages de bœufs !


Les quelques chemins qui furent créés par les moines et les seigneurs ne dépassèrent jamais les limites de leurs domaines.