LA POSTE IMPERIALE DE LYON A COLOGNE IDENTIFIEE PAR SES ETAPES

Les étapes de 40 en 40 lieues de la Poste Impériale de Lyon à Mayence montrent que Dunum ou Unum est associé dans 4 cas sur 5 à l'étape : 1) Lyon, 2) Romenay, 3) Remilly, 4) Ainvelle (V), 5) Einville (MM). Il ne manque que dans Remilly

Dès le début de l'Empire la Poste impériale, le Cursus Publicus, devint une des pièces maîtresses de la centralisation romaine. En un temps record les messagers, porteurs des ordres, atteignaient les régions les plus reculées et en rapportaient les renseignements. Une administration complexe aux moyens immenses en hommes, chevaux, véhicules, bâtiments et routes fut mis en place. Elle marqua les pays d'une façon indélébile et la toponymie remédiant aux lacunes des documents antiques, permet enfin d'apporter à nos connaissances théoriques un aspect concret en retrouvant à la trace les messagers et en identifiant leurs arrêts fixes, les stationes, leurs relais, les mutationes et veredi, leurs "motels", les mansiones, et les diverses sections du Cursus Publicus avec leurs embranchements principaux. Dans ce réseau gigantesque, prenons l'itinéraire mettant Lyon en rapport avec le Rhin inférieur, et arrêtons-nous aux stations essentielles.

Rome n'a certainement pas entièrement innové : elle a maintenu la lieue, l'étape des quarantes lieues chère aux gaulois, et sans doute les principaux gîtes d'étapes. Le tout fut réglementé, développé et mis au service de l'Empereur. Par les n.d.l. on apprend qu'il y eut conjugaison de la voie terrestre et de la voie d'eau quand celle-ci offrait rapidité et confort. Les déplacements s'effectuaient-ils toujours sur les grandes chaussées ou au contraire par les chemins traditionnels ? Le nombre des trajets du Cursus était considérable et on doute que des voies dallées aient pu en quelques décades répondre aux besoins.

Une artère maîtresse de la Poste impériale menait de Lyon, capitale des Gaules, à Cologne, capitale de la Germanie Inférieure. La voie de terre plus rapide était préférée à la Saône. Une première étape directe conduisait en 40 lieues à Romenay (Sud Est Tournus). Dans ce nom on reconnaît Rom = quarantième. Une taxe douanière, la quarantième devait coïncider avec l'arrêt du Cursus Publicus. La présence de la localité de Montcel, signifiant "mansio à six lieues", qui était l'étape postale 6 lieues avant Romenay, atteste du passage de la poste officielle.47

La seconde étape rectiligne conduit de Romenay à Remilly sur Tille (Est de Dijon) - Rumiliacus au 6ème siècle Remi - est synonyme de Rom - et signifie quarantième ; -ly = lieue. C'est la quarantième lieue sans risque d'erreur.

Avant de continuer vers Cologne, signalons un embranchement qui permettait de gagner Mayence, capitale de la Germanie Supérieure. A une étape de 40 lieues on parvient à Ainvelle (V) situé à la limite de l'ancien archidiocèse de Besançon, donc à une frontière administrative romaine ; Ainvelle = soit villa à 1 borne de la quarantième, soit villa à la station (de la quarantième), en admettant que dunum signifie station (après la chute du d initial, unum a donné le son ain). A quarante lieues plus loin se trouve Einville (MM) - Ainvelle en patois. La rivière Sanon qui arrose la localité devrait son nom à l'étape impériale. Nous identifions cinquimus, cinquième, passé à cens, san, dunum devenu unum (cf. Lyon). San-on, synonyme des nombreux Senon, Cenon, signifiant cinquième étape" depuis Lyon. Après être passé par Marsal, siège d'une douane, l'itinéraire repart droit sur Mayence. L'arrêt suivant la quarantième lieue se trouve à Rimschweiler près de Deux-Ponts. Rim = quarante lieues et Rimschweiler signifie villa à la quarantième. Une autre étape de quarante lieues à travers le Pfalzer Berg conduit à Rommersheim. La ligne directe accuse 39 lieues, aussi supposons nous que le relief accidenté obligeait à quelques détours. Dans Rommersheim, Rom- = 40ème, ersheim = arius, suffixe indiquant l'endroit. Un dernier parcours de 10 lieues suffit pour atteindre Mayence. De Remilly le chemin de Cologne aboutit après 40 lieues à Meuvy -Mosa Vico à l'époque Mérovingienne- sur la haute Meuse. Un embranchement se détache du tronc principal profitant de la vallée de la Meuse pour gagner les Pays-Bas. Voici de 40 en 40 lieues les étapes que nous croyons reconnaître : le Fort du Camp des Romains à côté de Saint-Mihiel, Mouzon dont le nom dérive de mutationem, relais ville à la frontière des anciens archidiocèses de Reims et de Trèves. Lustin (sud Namur), dans ce n.d.l. nous identifions Lu - = lieu (40) et- stin = station, Lier près d'Anvers dans lequel Li- = lieu -er = -arius, Lier signifiant "à la lieu (40ème)".

Revenons à Meuvy. La chaussée de Cologne passe à Toul où l'on devait embarquer sur la Moselle; la 40ème lieue se trouvait à Liverdun à en juger par ce nom composé de Li = lieu (40ème) et verdun = veredus, cheval de poste, ou station de la poste.

Une descente de la rivière sur environ 40 lieue conduisait à Thionville. Ce nom dérivé de stationem prouverai que là n'était pas le terminus officiel. IL aurait pu se trouver au village voisin de Nanom Les anciennes formes Munchem, Monehem disent qu'on est en présence d'un dérivé de mansionem. Les utilisateurs de la poste impériale mettait pied à terre dans un coude que décrit la Moselle à Thionville -Manom et prenaient la chaussée romaine par Dalheim en direction de l'Eifel; la halte du soir se faisait à 40 lieues à Wawern, synonyme des Wavre du pays roman, qui provient de paraveredus, palefroi, cheval de poste. Une ultime étape menait en 40 lieues à Meschenich, 4 lieues avant Cologne. Meschenich n'est autre que mansionem, le premier n s'est d'abord effacé, Mansionem passa à mesiene, meseni et meschenich.

Il ne fallait donc que 7 jours pour aller de Lyon à Cologne par un itinéraire mixte terrestre et fluvial. Le chemin inverse devait s'effectuer dans les mêmes conditions avec 2 modifications d'importance : on devait renoncer à remonter la Moselle, par contre on descendait la Saône de Port-de-Charrey48 à Lyon en deux étapes de 40 lieues.