LIAISON SAONE - SEINE

La liaison avec la Seine est matérialisée par la présence à Lyon de deux personnages originaires de cette vallée et liés au commerce fluvial. Le premier, nommé Lucius Besius Superior, originaire du Vermandois dans la vallée de l'Oise, vint à Lyon pour y devenir patron des nautes de la Saône et du Rhône ; le second, un certain Illiomarus Aper, toilier de son état, était originaire de la cité des Véliocasses dans la basse Seine et était à Lyon utriculaire, donc affilié à la navigation.

Des auteurs ont pensé que les contacts entre Seine et Saône étaient lâches sous prétexte qu’il n’existait pas, comme pour la Saône et la Loire, d’association regroupant les bateliers des deux fleuves. Les deux personnages précédemment cités prouvent au contraire la force de ces contacts comme l’indiquerait par ailleurs un bas-relief découvert à Dijon qui représente un chariot en cours de (dé)chargement dont l’inscription mentionne un nauta araricus. C’est à proprement parler une scène de transbordement entre deux artères fluviales. Quant à l’absence d’association regroupant les bateliers de la Saône et de la Seine, elle s’explique par un trait spécifique à cette dernière qui ne connut pas de corporation de nautes établie sur l’ensemble de son bassin mais un groupement local.

La découverte de la tombe princière de Vix en 1953 remit en faveur la route de la Seine. Une théorie parmi d’autres, fait du mont Lassois, qui s’élève dans une boucle de la Seine à quelques kilomètres au nord de Châtillon-sur-Seine, une sorte d’entrepôt-marché situé à un point de rupture de charge et contrôlant le trafic de l’étain. Quant au cratère, on a supposé qu’il fut acheminé par le Rhône et la Saône.

Comme pour la Loire, les passages de Saône en Seine s’opéraient à différentes latitudes dans un isthme gaulois secondaire. On a envisagé plusieurs portages de la Saône à la Marne par le plateau de Langres ; de la Saône à la Seine par Dijon.

La route qui eut la préférence est celle qui conduit de la Saône à la Moselle comme le prouve suffisamment le projet d’un canal reliant les deux rivières au milieu du 1er siècle ap. J.-C. Les facilités de navigation qu’elles présentaient toutes les deux et la lenteur quasi proverbiale de leurs eaux font qu’elles étaient occupées par de puissantes corporations de batelier.

Continuité des itinéraires

De la même manière la vallée du Rhône continua-t-elle de lier l’Europe du Nord au Midi pendant le haut Moyen Age. Un portage depuis la Meuse aboutissait à la Saône puis au Rhône qu’on descendait jusqu’à Arles pour gagner l’Espagne. C’est par là, d’après M. Lombard, que transitaient esclaves et marchandises entre les mains de commerçants juifs regroupés en une puissante communauté à Lyon. Quant aux passages de Saône en Loire, ils persisteront jusqu’à une époque récente.